Oak – Le chêne: pour ceux qui luttent

C’est comme si Bach avait vu en ces deux plantes deux manières opposées de traiter le même problème chronique ; l’Ajonc voit son état comme désespéré tandis que le Chêne lutte malgré la difficulté. Du point de vue du diagnostic, cela indique un choix simple entre deux solutions. Devant un problème vital ancien, regardez l’attitude de la personne. Il n’est pas obligatoire que ce soit une maladie en phase terminale, ce pourrait être un problème physique ou mental, une difficulté dans le travail ou une relation pathologique. Il est important de bien distinguer le type de réponse face à une maladie chronique.

Les personnes Chêne semblent positives car elles essayent toujours d’aller de l’avant. <> écrivait Bach. Cependant cet état est préjudiciable parce que les personnes Chêne ignorent les signes annonciateurs d’un problème de santé et le fait qu’elles doivent limiter leurs activités. C’est un comportement acquis, non pas un véritable remède-type ou une leçon pour l’âme. Certes, avoir l’air de lutter envers et contre tout est un moyen de masquer le vrai problème : c’est une sorte d’éviction, de réticence à regarder la réalité en face. En tant que telles, ces personnes n’arrivent à rien même si elles semblent courageuses et déterminées. Elles sont têtues comme des mules et ont besoin d’aide pour réévaluer, réexaminer leur vie et se repositionner. On a plus écrit sur les chênes que sur tous les autres arbres. Des livres recensent les vieux chênes célèbres et racontent le folklore qui les entoure. Tout cela est intéressant pour un érudit mais avait probablement peu de sens pour Bach; c’est l’expérience de l’arbre qui mène à la compréhension de l’état de remède. Pour cela, on doit rencontrer de vrais spécimens et observer leur manière de pousser. Comme pour les autres remèdes, c’est la biographie qui décrit le geste, même si les usages et la langue des traditions peuvent faciliter cette description. S’il fallait un mot pour décrire le Chêne, ce serait l’endurance. Les types et les personnes Chêne endurent tout ce que la vie leur apporte en luttant sans se plaindre.

Cette idée d’endurance commence avec la longévité du Chêne – on dit que beaucoup sont des arbres au moins millénaires. Cela situe les vieux Chênes parmi les êtres vivants les plus vieux de la terre. Mais ce n’est pas seulement leur vieillesse qui marque leur endurance ; c’est aussi leur soumission à la douleur et la difficulté, leur patience à toute épreuve et leur volonté de continuer jusqu’aux limites de leurs forces. (…) On peut voir de tels arbres dans les champs, effondrés et mourants, et qui continuent pourtant à arborer des feuilles sur quelques petites branches. Même à la fin de sa vie, l’arbre Chêne lutte pour vivre et nourrit les autres êtres vivants qui vivent à ses dépens.

L’arbre est issu d’une graine, le gland. En trois cents ans, un seul Chêne peut en produire au moins vingt-cinq millions sur lesquels moins d’une poignée donnera des arbres matures. A peine sont-ils tombés que la plupart des glands sont déjà mangés. En octobre, les freux s’installent dans les branches et picotent les fruits murs, en jacassant bruyamment et en faisant craquer les brindilles. Plus tard, quand le printemps est là, ce sont ces mêmes oiseaux qui recueillent ces mêmes brindilles pour leurs nids. Des glands tombés au sol, les geais, les écureuils et les mulots mangent tous 25 millions d = 1 an leur part ou les engrangent dans des cachettes pour l’hiver suivant. D’une année sur l’autre, les oiseaux, les cochons et les cerfs vont se rassembler auprès de certains arbres pour chercher des glands. Seuls quelques-uns sont oubliés mais même ceux qui sont soigneusement plantés dans une pépinière seront déterrés et mangés par les mulots affamés. Les quelques glands restants survivront, germeront et se développeront. Mais comme les jeunes plants sont savoureux, ils risquent d’être mangés par les mulots et les lapins au cours des deux premières années. S’ils peuvent échapper à la décimation, auront-ils assez d’espace et de lumière pour grandir ? Probablement pas. Mais dans la forêt, une fois tous les dix ans à peu près, un arbre tombe et crée une clairière dans la frondaison, ce qui permet aux jeunes arbres de voir le ciel.

Alors que nous avons tendance à voir les Chênes aujourd’hui comme des spécimens solitaires au milieu d’un champ ou d’une haie, ce sont par nature des arbres de sous-bois. Ils poussent dans les forêts qui couvraient autrefois les plaines de Grande-Bretagne et où la dynamique de croissance et de régénération est radicalement différente de celle des arbres qui poussent en plein champ ou dans un parc. Les arbres des forêts doivent, par nécessité, tenir compte de leurs compagnons quand ils poussent. Ainsi les Hêtres poussent très droit et très haut dans la futaie car ils font la course à la lumière. C’est peut-être la raison pour laquelle le Chêne a, au contraire, développé cette habitude particulière de perdre des branches, souvent des branches maîtresses, pour laisser passer la lumière dans le sous-bois.

Au cours des cent premières années, un Chêne grandit vite si les conditions sont favorables. Les premiers glands apparaissent après dix ou vingt ans quand l’arbre est encore jeune. Mais même avant cela, un Chêne immature va commencer à attirer différents insectes dont les larves mangent les feuilles, en pondant des œufs sur les racines, dans l’écorce et les bourgeons. Les parasites attaquent le Chêne plus que d’autres arbres mais on peut se demander s’il s’agit vraiment d’une attaque ou d’un attrait. L.J. Brimble dans Arbres de Grande-Bretagne fait remarquer que le Chêne attire particulièrement les insectes et qu’il «peut compter plusieurs centaines d’espèces différentes parmi ses ennemis naturels.» Mais sont-ils réellement des ennemis ? De toute évidence, les Chênes non seulement attirent ces «prédateurs»> mais aussi adaptent soigneusement leur cycle de vie afin de les nourrir.

Cela correspond certainement à la nature des personnes Chêne qui cherchent les responsabilités pour tester leur endurance. De ce fait, elles éludent la vraie question de faire face à leur leçon d’âme. Comme on peut compter sur elles, elles attirent à elles des personnes qui ont besoin d’aide et elles se chargeront volontiers de leur fardeau. «Elles sont mécontentes d’elles-mêmes, disait Bach, quand la maladie interfère avec leurs obligations ou l’aide aux autres.»

L’arbre Chêne a coutume de produire une seconde poussée de jeunes feuilles en été ; on l’appelle «la pousse des lamas ». La fête des Lamas a lieu le premier août et à ce moment où tous les autres arbres sont entrés dans la période stable de l’été, le Chêne utilise sa force pour produire des branches et des feuilles nouvelles. Celles-ci sont particulièrement savoureuses pour certaines chenilles qui pondent en août et ne peuvent pas mâcher les premières feuilles du printemps. En fait, le Chêne peut en produire à n’importe quel moment de l’année s’il le faut. A.G.Tansley dans Chênes et chênaies ¹7 notait que dans les années 1930 dans la forêt de Dean les chenilles de la tordeuse du chêne et les phalènes d’hiver «ont gravement défolié» les Chênes – mais qu’ils survécurent grâce à une nouvelle pousse de feuilles.

Le Chêne a la capacité de produire de nouvelles pousses à partir de bourgeons qui se trouvaient à l’état latent sous l’écorce depuis plusieurs années. Ces pousses «épicormiques» constituent une réserve de force vitale pour le Chêne qui peut puiser dedans quand il a perdu sa principale canopée. Cela peut arriver quand les chenilles mangent les feuilles ou quand des branches ont été cassées par la foudre, la tempête ou même le gel. Il arrive que des gelées tardives brûlent les feuilles et créent un étrange paysage d’arbres bruns au printemps. Cela n’est pas fréquent car les Chênes font partie des arbres qui bourgeonnent très tard. D’autres arbres comme l’aubépine ou le bouleau résistent mieux au gel. Mais les feuilles de Chêne sont juste assez douces et vulnérables pour attirer les chenilles ainsi que les larves des phalènes et des scarabées.

Un autre aspect du Chêne est d’abord par rapport faculté d’adaptation. Regardez cela à la description du remède. Bach dit que ce sont des personnes qui se sont adaptées à leur maladie et qui continuent à avancer malgré leur handicap :

« Ces personnes ont des maladies physiques qui ont tendance à durer de années et bien qu’elles se sentent très désespérées par leur état, elles continuent à pousser et à lutter. »

Cela signifie qu’elles sont soumises à une force d’invasion qui cause des problèmes physiques mais qu’elles ne plieront pas devant la difficulté. Et pourtant ces personnes s’habituent à vivre avec leur problème, à travailler dur, comme si le problème n’existait pas. Dans l’arbre cela est illustré par la manière dont le Chêne traite des parasites tels que le cynips de la galle.

Les galles ont des cycles de vie complexes et différents selon les parties de l’arbre. Les célèbres «pommes de chêne» sont dues à des œufs déposés dans le bourgeon de la feuille. Après la couvée, les femelles rampent au sol et percent les jeunes racines pour pondre des œufs et former une seconde génération de guêpes (et de galles). Certaines galles utilisent les feuilles, d’autres les fleurs mâles, produisant des «

Il est de bon ton de considérer le mode de croissance comme l’expression du gène de l’égoïsme, de voir l’évolution de toute caractéristique comme étant destinée à prolonger les projets égoïstes d’espèces particulières. En ce qui concerne le Chêne, cette idée ne cadre pas avec la réalité ; cet arbre fait mentir le fonctionnalisme puisqu’il adapte son comportement afin d’aider les autres plutôt que de s’opposer à eux. Certes, les geais enterrent les glands, tout comme le font les écureuils et les mulots, en quoi ils rendent service au Chêne. Mais cela illustre la coopération et non quelque astuce égoïste. C’est vrai également d’autres relations : la mésange bleue construit son nid dans un trou du Chêne et ensuite ramasse les insectes alentour pour nourrir ses petits. La relation oiseau – nourriture – nid est assez claire mais l’avantage ne revient pas au Chêne mais à la vie au sens large.

Lorsque nous avons étudié la manière dont l’Impatiente assure une pollinisation efficace à l’intérieur de la plante, il était facile de parler de direction et de volonté dans son geste. Avec le Chêne, nous assistons à un processus inverse – un extraordinaire gâchis de pollen, qui est difficile à comprendre. Les Chênes comptent sur la pollinisation par le vent plutôt que par un système mécanique ou actionné par les insectes. Les chatons mâles génèrent de prodigieuses quantités de pollen – plusieurs millions de grains chacun – qui sont libérés dans l’air. Comme ils sont très légers, ils se laissent porter par l’air pendant des jours, ce qui forme une sorte de soupe autour des arbres, qui se dépose doucement ou bien voyage sur des distances considérables au gré du vent. Une partie du pollen atterrit sur les fleurs femelles encore immatures. Ces fleurs sont des structures très simples, sans pétale ou forme précise autre que les petits stigmates rouges, comme de minuscules lèvres (labiées). Une fois que le pollen a atterri sur les stigmates, le processus de fertilisation habituel aboutit à un gonflement de l’ovule et à la production du gland. Le rôle joué par les milliards de grains de pollen (provenant des Chênes, d’autres arbres ou plantes) qui se posent sur le sol n’a pas été étudié bien qu’il semble probable que ce processus ait une certaine importance dans le contexte plus large de la vie sur terre.

Ce qui émerge ensuite, c’est un écosystème vivant où l’arbre fait partie processus vivants bien plus vastes. Cela aboutit à une image complexe un tissu de relations qui illustre un type d’énergie vitale que l’on appelle le Chêne. Ses éléments constitutifs sont caractéristiques de l’état de remède que Bach décrivait pour le Chêne en tant que l’un des Quatre Auxiliaires.

La forme du Chêne dépend de son histoire personnelle – où en est l’arbre dans son évolution du gland au déclin final? Chaque Chêne a sa propre histoire à raconter et c’est en partie pour cette raison que de vieux Chênes sont cités dans les livres : le Chêne de Cowthorpe, le Chêne de l’Evangile, sa Majesté le Chêne, le Général Chêne et ainsi de suite. Chacun est célèbre pour son âge, sa circonférence et la plupart du temps par le nombre de personnes qui peuvent se mettre dedans. Un de ces arbres très puissants, pas le plus vieux ni le plus rabougri, s’appelle le «Chêne de Bach». Il mesure trente-six mètres de haut, a une circonférence de plus de sept mètres et se situe sur le bord de la rivière de Crickhowell, juste le long du champ où Bach fit le remède Mimule en 1928. En fait Bach fabriqua le remède Chêne près de Cromer au Camp de Fellbrigg mais il ne peut pas ne pas avoir vu cet arbre lors de ses visites à Crickhowell quelques années plus tôt. Le Chêne de Bach n’a perdu aucune de ses branches maîtresses et il a l’air d’être très fort et en pleine santé. Mais si on tourne autour de lui, on s’aperçoit que sa face ouest est complètement creuse. A plusieurs occasions, les autochtones mirent du fil de fer à l’entrée pour éviter que les gens ne grimpent dedans (neuf adultes peuvent y tenir) parce que des jeunes mirent le feu à l’intérieur à plusieurs reprises. On ne peut pas dire que l’arbre n’a pas été affecté mais il continue à pousser comme si de rien n’était. Certes il est notoire que le coeur d’un arbre est composé de bois mort; seule la couche extérieure de cambium proche du liber est vraiment vivante. Parmi les arbres à feuilles caduques, il n’y a que ce Chêne, Quercus Robur, qui puisse supporter d’être «à moitié éventré.»

Les motifs de l’écorce montrent que les tissus vivants de l’arbre affleurent à la surface de celle-ci. Et l’énergie de l’arbre est visible dans les lignes et les rythmes présents en elle. Chez le Chêne, l’écorce comporte des lignes de tension ; la surface est pleine de craquelures, de fissures et de sillons comme si elle était perpétuellement sous contrainte. Le Chêne est comme le géant Atlas qui tend ses bras et porte sur ses épaules le poids du monde ; et cela se voit dans sa musculature gigantesque et son écorce protubérante infiltrée par une force comprimée. Son système énergétique transparaît également dans ses rameaux et ses branches qui s’enchevêtrent en changeant de direction d’une manière confuse et aléatoire (presque comme la Gnavelle, page 136). Bach fait remarquer que les maladies…. ….. sont là où il y a une grosse perte d’équilibre, mental et physique» et que les malades << continueront à essayer une chose après une autre…»  Les rameaux sont cassants et se brisent net, ce qui favorise le développement de pousses latérales. * La clarté du but fixé par la volonté semble troublée par une croissance erratique.

On pourrait en dire plus sur le Chêne. La dureté de son bois, (ce que Shakespeare appelait le «chêne noueux et inaltérable » 31 ; l’utilité de ses différentes parties; l’écorce pour le tannage ; les glands pour le panage et même l’alimentation humaine ; les champignons et lichens qui vivent sur le bois pourri; le lien avec les druides et les mystères du gui; l’histoire du Roi Charles; les charpentiers qui utilisaient le Chêne pour la marine britannique et les grandes salles et les châteaux ; l’énorme réseau de racines qui s’étend comme un autre arbre sous terre ; son tronc court, ses longs bras horizontaux qui lui donnent l’air d’un haltérophile trapu ; la frêle rigidité des rameaux et des branches qui contraste avec l’énorme force du bois d’œuvre; la forme des bourgeons ; la forme simple lobée des feuilles l’acidité de la sève et ainsi de suite……..

Finalement, regardez le Chêne et demandez-vous : qu’est-ce que Bach vit et sentit en vous qui lui donna un indice sur cet état de remède ? Ce sont des personnes, dit-il, «qui luttent et combattent pour être en forme…. Elles continueront à se battre…. Ce sont des personnes courageuses qui luttent contre de grandes difficultés.» C’est le Chêne – l’arbre Chêne et la personne Chêne : le geste de l’arbre correspond au geste de l’état émotionnel. L’état émotionnel correspond à l’arbre. Ceux qui prennent ce remède ne gagnent pas en force et en détermination. Ils gagnent en compréhension, ce qui leur permet de regarder avec des yeux neufs la difficulté à laquelle ils sont en permanence confrontés dans leur vie. Ils commencent à entrevoir une nouvelle manière de grandir.

Extrait de « Sur les traces du Dr Bach et de ses fleurs » de Julian Barnard, page 168-177

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