“Après une formation en herboristerie et depuis 10 ans ,mon présent s’appuie sur deux pôles: les fleurs de Bach et le yoga. La pratique des fleurs a précédé la formation en yoga qui a été enrichie par mes expériences florales durant celle-ci.
Ces deux activités et leur philosophie ont de très nombreux points communs: la découverte du corps énergétique et de la vibration qui l’anime, l’expérience sensitive. Le lieu d’expérience est le corps, la démarche est spirituelle. L’objectif est l’autonomie, la connaissance de soi, la libération de l’Etre, la relation à la source de vie par la suppression des causes de souffrance .
En fleurs de Bach, le texte de référence est un petit livre intitulé: ” Heal thyself and the twelve healers and other remedies” publié entre 1931 et 1933; toute la philosophie du Dr Bach est définie dans ses pages. Il souhaitait que ce livre soit un “guide pour tous ceux qui souffrent, afin qu’ils recherchent en eux-mêmes la véritable cause de leurs maux et puissent ainsi aider à leur guérison”[1].
En yoga, ce sont les Yoga Sutra de patanjali.
Edward Bach (1886-1936) médecin , bactériologiste et homéopathe était un amoureux de la nature et un excellent botaniste. Cet homme très sensible, a voué sa vie à soulager la souffrance humaine. Il acquit la certitude que la guérison était intimement liée à la connaissance de soi, et à la conscience de ses états émotionnels déséquilibrés, sources de la pathologie. Le but de la pratique du yoga est le même : ” heyam duhkham an-agatam”: la douleur à venir peut être évitée”
Lors des premières conférences à l’école de Yoga de Lyon, même si les termes sanskrits ne m’étaient pas familiers , j’étais surprise de retrouver de manière troublante les grandes notions de klesha (causes de souffrance), de yama ( relation aux autres), de niyama (relation à soi) présentes dans la démarche du Dr Bach. Sur l’éventuel contact du Dr Bach avec la philosophie indienne hindouiste , bouddhiste et le raja yoga, je n’ai pas trouvé de traces dans sa biographie; mais en relisant attentivement ses écrits, il mentionne plusieurs fois l’apport de l’Inde appelée” notre mère l’Inde”; Il cite les causes de souffrances ainsi :”orgueil, cruauté, haine, égoïsme , ignorance, instabilité, avidité”[2], qu’il estime opposées à l’Unité et qui rejoignent les klesha: “les causes de souffrance sont l’aveuglement, le sentiment de l’égo, le désir de prendre, le refus d’accepter, l’attachement à la vie”(p70)
Pour Edward Bach et la démarche en yoga, seule la recherche de l’harmonie entre l’âme , le corps et l’esprit permet de retrouver notre unité, et part du divin en nous. Son texte est à replacer dans le contexte historique et colonialiste de l’ Angleterre d’entre- deux guerres, avec la découverte récente de la psychanalyse et de l’homéopathie. Sur le fond, ils restent intemporels comme les textes indiens 2000 ans plus tôt.
Sa méthode est simple, conscient de notre capacité d’auto-guérison, il s’agit de découvrir le “défaut” responsable du conflit et de développer la vertu opposée pour le faire disparaitre. Pour cela, l’aide de la nature lui a paru être une évidence.
“En reconnaissant qu’en chacun d’entre nous il y a une partie sombre et une partie divine , l’expérience est d’illuminer le plus possible cette partie sombre d’une vibration , d’une énergie positive” Dr BACH
Cette citation rejoint celle des yoga Sutra chapitre II,33
“lorsqu’il y a oppression par des pensées mauvaises, il faut cultiver des pensées autres”
Pourquoi y aurait -il des plantes pour les maux du corps et pas pour les “maux(mots) de l’âme?
Edward Bach fait partie de ces précurseurs qui ont tenté d’améliorer par une vision nouvelle la vie de leur semblables. Comme dans les Yoga sutra ou les Upanishad, on retrouve le thème universel de la connaissance de soi. Certaines personnes viennent pour soulager un état émotionnel ponctuel (maladie, séparation, deuil, …), comme certains viennent sur le tapis soulager un mal de dos , un problème de stress ou de sommeil; d’autres viennent pour comprendre comment ils “fonctionnent” et quels sont les conditionnements erronés qui induisent un mal-être. Comme une asana (posture) , la Fleur résonne . Elle possède une vibration ayant une fréquence positive qui correspond à la fréquence de l’état émotionnel perturbé et la rééquilibre en conscience. C’est une question de fréquence qui s’ajuste. Il se passe quelque chose de subtil , d’à peine perceptible. En yoga, c’est le souffle conscient qui agit.
L’aspect symbolique de la préparation des Fleurs montre à quel point il est tenu compte de la vibration cosmique présente en tout; les fleurs sont solarisées dans leur biotope, dans l’eau en présence des autres éléments(terre, feu et air);L’énergie de la fleur est ainsi totalement préservée et transmise à l’eau. L’ayurveda, science de la vie reliée au yoga s’appuie sur les 4 éléments.
La recherche de l’harmonie passe par un changement de regard, une attitude neutre, en se plaçant dans l’espace du cœur.
L’écoute du cœur demande une attention , une concentration intense qui nécessite sincérité (satya),disponibilité, innocence, curiosité,[1] ouverture d’esprit (bramacharya). L’expression ne passe pas par l’intervention du mental qui analyse , ni par l’égo qui juge. La principale difficulté pour entendre cette voix du cœur est de se libérer de ces deux obstacles, en conscience.
Il faut les remplacer par la spontanéité et la sensibilité. Dire ce qui est là, au présent, permet de déterminer ses samskara(conditionnements) qui empêchent d’avancer car ils ont mis en place des résistances, des moyens de défense, des masques. Ceux-ci évitent d’être confronté à ses peurs , ses manques, ses envies, son refus de la mort.
En entretien, le dialogue se fait de coeur à coeur dans une relation de confiance mutuelle. Quelque soit l’histoire , les cicatrices de la vie, je reste toujours émerveillée du potentiel d’énergie et d’espoir qui ne demande qu’à s’exprimer. La voix du coeur est dans cette vibration unique, intuitive qui donne la réponse après des années de recherche , dans le silence et l’intériorité. Ce silence et cette intériorité sont au centre de la pratique en yoga, c’est une expérience unique. C’est ce qui fait la richesse de cet enseignement . Il n’y a pas de mot pour expliquer ce qui se passe; aucune action extraordinaire n’est à faire, il suffit simplement de la présence à soi, au souffle, et à l’autre sans attente ni projet.
En fleurs de Bach, nous utilisons la métaphore de l’oignon, en yoga il y a 5 corps que l’on doit explorer (kosha) pour parvenir au coeur et à la connaissance libératrice. C’est effectivement par “la perception spontanée du coeur au delà du mental que l’expression de l’atman(Soi) se dévoile”[2]. La tunique représente les conditionnements, le masque à travers les doutes et les peurs; lorsque celui ci s’efface il révèle les interactions du mental, les résistances à travers les pensées négatives récurrentes . Et au fur et à mesure que les différents états émotionnels se rééquilibrent, le coeur fait place à l’Etre. La personne ne se reconnait pas car ce retour à la source est un véritable changement, qui permet d’aborder la vie de façon neutre et positive.
Ma démarche en Fleurs de Bach comme dans l’enseignement du yoga est la même qu’en phytothérapie, elle reprend la base essentielle de toute relation d’aide, selon Hippocrate :
PREMIUM NON NOCERE :“AVANT TOUT NE PAS NUIRE“
Observant la complexité du domaine énergétique en cheminant avec les Fleurs, il m’a paru indispensable de retourner à la source de toutes les techniques énergétiques, le Hatha Yoga . J’ai compris alors que l’union de notre corps d’énergie avec l’énergie végétale était le moyen le plus simple pour retrouver l’harmonie et la joie d’être.”
Par Isabelle Jaillot, Conseillère agréée en Fleurs de BACH, Professeur de Yoga, formée à l’école de yoga française de Lyon, membre de la FNEY (Fédération Nationale des Enseignants de Yoga)
isajaillot@free.fr 39000 Lons le Saunier
[1] En quête de soi T.K.V Desikachar p78
[2] Conférence de Gisèle Siguier-Sauné janvier 2006
[1] La guérison par les fleurs Dr E. Bach p 17
[2] la guérison par les fleurs Dr E. Bach p 38
3 Yoga sutra II,16 Patanjali traduction Françoise Mazet ALBIN Michel 1991