Françoise Quencez, directrice d’école primaire à la retraite et conseillère en Fleurs de Bach agréée par la Fondation Bach. Auteur du livre « Mieux vivre l’école avec les Fleurs de Bach » Editions Grancher.
« L’un des premiers enfants atteint de TDAH que j’ai rencontré fréquentait le CM2 d’une école classée ZEP. Alex était un gamin efflanqué, aux cheveux roux flamboyants, toujours en mouvement, incapable de se taire. Il était très agile et faisait le grand écart en sautant par-dessus les tables. Il détestait l’injustice et son intelligence était remarquable mais il refusait de travailler, se disant nul, et j’avais beaucoup de mal à le convaincre de se poser, ne serait-ce que quelques instants. On aurait dit qu’il était monté sur ressorts. Il se sentait mal aimé et les moqueries de ses camarades par rapport à ses cheveux le hérissaient et il devenait agressif. L’un d’eux, qui se plaignait de son agitation perpétuelle qui le « soûlait », s’en prenait aussi à sa maman, toute aussi rousse que lui, et Alex répondait, du tac au tac, en se moquant du poids excessif de son agresseur.
L’affaire s’envenima quand la maman du deuxième enfant vint se plaindre qu’on insultait son fils de « gros » et s’en prit physiquement au petit rouquin à la porte de l’école. Il fallut calmer les deux familles qui en venaient aux mains…
Je demandais l’aide du psychologue scolaire pour m’aider à gérer le comportement d’Alex. A l’époque on ne connaissait le TDAH que sous le nom de troubles du comportement. Il n’était pas encore question de Ritaline…Sa maman cherchait des solutions à travers la pratique de sports de combat.
Alex finalisa son CM2 et passa en 6ème. Le collège, averti, lui proposa une classe de sport-études qui l’aida à se canaliser.
Aurélien, quant à lui, venait de passer son année de Moyenne Section comme celle de Petite Section, expulsé de la classe les trois-quarts du temps. Quand je fis sa connaissance, je venais d’être nommée sur la classe de Grande Section. Les parents me regardaient avec pitié car la classe dont faisait partie Aurélien avait la réputation d’être terrible. La maîtresse de l’année précédente avait fini l’année en pleurs et arrêtée pour dépression.
Aurélien ne pouvait rester assis plus de trois secondes et passait son temps à « chercher » ses voisins en leur enlevant le crayon ou en leur ébouriffant les cheveux. Il ne pouvait se taire et intervenait à tue-tête sans arrêt.
- Je sais que je suis insupportable !
- Tu vas me mettre à la porte ?
Il y avait dans sa question une angoisse de se sentir rejeté de nouveau que je perçus très fortement.
- Non ! Je vais t’installer seul. Tu me diras quand tu auras besoin de bouger et je te laisserai sortir courir dehors un moment sous la surveillance de l’ATSEM.
Ce ne fut pas facile mais au bout de quelques semaines, il me demanda à retourner dans un groupe. Je sentais qu’il me faisait maintenant confiance.
La classe se pacifia peu à peu et Aurélien savait presque lire à la fin de l’année.
Je parlais des Fleurs de Bach à ses parents.
Aurélien a suivi une scolarité brillante et vient de passer au lycée.
Ces deux enfants présentaient les caractéristiques suivantes qui soulignaient leur hyperactivité et leur manque de concentration ce que l’on nomme maintenant TDAH :
- Incapable de rester assis sans se « tortiller »
- Parle beaucoup trop, même si l’on ne s’adresse pas à lui
- Turbulent, inconscient du danger
- Impatient, ne peut attendre son tour
- Aucun contrôle sur ses gestes, agressif
- N’aime pas les règles
- Incapable de finir une tâche, évite les activités demandant un effort
- Ne prête pas attention à ce qu’on lui dit, se laisse déconcentrer facilement
- Considéré impoli et rebelle
- Mal organisé, désordonné….
Oui, tout cela est vrai mais curieusement ces caractéristiques correspondent aussi à celles d’enfants au fonctionnement cérébral différent, les enfants « surdoués » et Alex et Aurélien ont finalement été reconnus surdoués.
Alors qu’est-ce qui distingue les enfants surdoués ?
Eh, bien ce sont des enfants qui vont souvent avoir les caractéristiques du TDAH[1] mais qui vont présenter en outre une hyper émotivité et une façon différente d’apprendre. Voici les signes d’appel pour reconnaître ces enfants particuliers et je souligne en rouge ceux qui se recoupent avec le TDAH.
Quelques signes, non exhaustifs, pour reconnaître les enfants surdoués
- Précocité dans certaines acquisitions
- Empathie, lucidité, sens de la justice
- Intérêt, curiosité, humour
- Difficulté face à l’effort
- Hypersensibilité
- Maturité intellectuelle, mais immaturité affective
- Anxiété (angoisses existentielles, troubles du sommeil)
- N’écoute pas les consignes
- A une grande mémoire
- Veut comprendre
- A besoin de faire plusieurs choses à la fois
- Donne l’impression de ne pas écouter. Souvent dans la lune : ennui
- Réussite en dents de scie
- Originalité des réponses
- Ne tient pas en place, parle même si on ne s’adresse pas à lui
- Agressif avec ses camarades
- Hypersensibilité aux reproches et aux échecs
- Souvent seul en récréation
- Refus de l’autorité de principe, mais pas de celle de la compétence. Refus d’aller à l’école
- Difficulté motrice
- …
En général, quand on a affaire à un enfant atteint de troubles du comportement, l’on s’attache surtout à ses caractéristiques comportementales et peu à ses capacité intellectuelles ou son hyper émotivité. Ce qui nous fait passer à côté d’une possibilité extrêmement importante : celle de la possibilité d’unsurdon.
Pourtant, cela arrive régulièrement car les professionnels, médecins, psychologues, sont rarement formés à la problématique des surdoués. Seuls les psychologues scolaires connaissent mieux cette problématique et peuvent les détecter.
Quelle importance, me direz-vous, s’ils souffrent des mêmes troubles ?
L’important, c’est que l’enfant surdoué a des caractéristiques de fonctionnement qui incluent souvent celles de suractivité, qui ne sont pas des pathologies.
Il ne faudra donc pas les aborder de la même manière !
L’enfant surdoué, qu’il ne faut pas confondre avec l’enfant précoce qui réussit brillamment à l’école, est hypersensible, hyper émotif et aborde les apprentissages de façon particulière. Sa pensée fonctionne en arborescence, à la différence des autres enfants dont le raisonnement est linéaire. Il est ainsi très mal adapté au fonctionnement habituel de l’école et nécessite des aménagements pédagogiques.
Il y a environ 450 000 petits surdoués scolarisés en France. Beaucoup d’entre eux ne sont pas diagnostiqués. Vingt pour cent de ceux qui sont diagnostiqués n’atteignent pas le baccalauréat et trente pour cent n’accèdent pas aux études supérieures malgré des capacités intellectuelles certaines. Ce sont souvent les enfants de qui les enseignants disent « Peut mieux faire… » L’on retrouve fréquemment chez l’enfant surdoué des troubles associés : dyslexie, dyscalculie, dysgraphie, dysphasie et autres « dys ».
On en retrouve en échec scolaire, en échec de vie. En grande souffrance surtout.
J’en rencontre régulièrement qui ignore leur surdon et qui sont en errance. Les Fleurs de Bach sont extrêmement précieuses pour eux car elles apaisent leur hyper émotivité, restaurent leur confiance en eux et leur redonnent le goût de vivre.
[1] Tous les enfants surdoués ne sont pas hyper actifs. »
Cas extrait du livre « Mieux vivre l’école avec les Fleurs de Bach » Françoise Quencez Editions Grancher 2013